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Histoires de Marie-Neige Sardin dans sa librairie parmi les muselmannes
Sommes-nous en république des Frères?
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En ce mois d’août, la ville est totalement déserte, la chaleur accablante n’engage pas à la promenade et pour rire ou sourire un peu il ne faut pas compter sur les locaux demeurés à résidence; le Ramadan est là, il pèse sur tous les hommes.
Les ventres vides et les esprits vagabonds s’égarent sur les rayonnages de la boutique; le dernier étage étant convoité du bout des yeux. Je sens qu’il va se passer quelque chose, mais quoi?
Mon humeur taquine du jour s’émoustille, piaffe même, tant elle sent venir le gag; il faut que je vous confie une chose, le rayon perché tout là haut est celui des revues pornographiques. Le manège dure une bonne demi-heure, puis soudain le plus âgé de la bande se lance, venant me trouver à la caisse.
” Midame ji veux un film interdit pour envoyer par la poste mais ji peux pas i toucher, tu veux me li mettre dans le trou?”
Je retiens un fou rire et tente d’éclaircir la situation:
” Vous vouler envoyer un film porno, à un ami, par la poste, sans y toucher, sans le mettre dans une enveloppe, sans écrire l’adresse et sans même le poster tout seul comme un grand garçon?”
“Oui midame, ti as compris, c’est un nouveau business pour ta librairie et comme çà nous les frères seront contents de toi l’impure!”
Je ne relève pas l’insulte, rentrant dans leur jeu, je fais donc une proposition:
“Pas de souci, indiquez moi quel film X vous séduit, donnez moi l’adresse, plus 150 euros pour un tel service, je me charge de cela et à la grâce de Dieu!”
“tu veux dire inchallah?”
“oui certainement:))”
Il retourne auprès du groupe; cela discute, gesticule, palabre, les robes s’agitent…….
Soudain mon interlocuteur revient, me balançant sur le comptoir “el flouz”: cent cinquante euros. Je reste, un peu perplexe; j’ai avancé n’ importe quel prix, pour rigoler un peu, je souris et devant son air d’homme d’affaire, je m’exécute.
Il m’ oriente dans le rayon, du style “le quatrième en partant de la gauche”, la Marie-Neige le lui met donc dans le paquet et le paquet dans la boîte aux lettres, face à l’échoppe!
Si ce ne sont pas des affaires, cela y ressemble.
Ma mission accomplie, je regarde s’éloigner le groupe, me demandant comment une religion pouvait conduire des hommes vers une telle hypocrisie, un tel ridicule; par bonheur pour eux, ce dernier ne tuant pas.
La journée se poursuit, le tabac, sis face à la boutique, est fermé pour cause de congés et donc la vente de timbres postaux bat des records.
J’ ai pour habitude de ne vendre que des timbres de collection, trouvant ceux-ci plus ludiques et intéressants. En ce moment, j’ai donc une série chère à mon coeur “femme de l’être”, parue pour la journée de la femme 2011 et une autre, plus récente “châteaux et demeures historiques de nos régions”.
Un Frère, en habit de folklore, une lettre à la main, exige un timbre. J’insiste sur le “Bonjour et s’il vous plait” nécessaire à toute entente cordiale et lui colle donc un timbre sur son courrier.
En même temps que je lui tends l’ensemble, je réalise que cela ne va pas lui plaire, que ce timbre va le choquer, mais j’ai aussi un doute, me disant qu’ils n’en sont pas, en France, à un tel degrés.
A peine a t’il porté les yeux sur le dit timbre, que je vois la barbe s’agiter, les yeux s’écarquiller, la voix s’égosiller, la pomme d’Adan monter et descendre; je me recule, je sens venir le crachat; bingo! ce dernier s’étale de tout son long sur la vitrine des jeux de grattages. J’ai commis un crime de lèse-majesté!
Lequel me direz-vous?
Celui d’avoir, par le biais d’un timbre, mis sur le même piédestal la femme et l’homme.
Je prends la mesure, en le regardant sans doute m’insulter dans sa langue, à quel point La Femme est sans valeur aucune pour lui, pour eux.
Je lui fais remarquer qu’ici, il est en France, que nos valeurs ne sont pas celles de l’islam et que si cela ne lui convient pas, c’est à l’état français qu’il doit s’en prendre; le timbre étant édité par ce dernier.
Une joute oratoire s’engage, il décolle le timbre, me le balance à la figure.
Parvenu à la porte, il crie à qui veut l’entendre :
“Pfff La France, elle va saigner et la République sera celle des frères!”.
Je m’entendis répondre:
“Vaste programme”
songeant sans doute inconsciemment à la réponse du Général De Gaulle, à quelqu’un qui l’apostrophait en public en criant :
“mort aux cons”.
uit Echos de la ville de Bourget; le cotidien d’une librairie du 93;
le-bourget.over-blog.com
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